VIVRE DANS UNE TENTE
Écrit par Bert Plomp
Pendant mes années de maternelle, j’habitais dans le bâtiment de l’Armée du Salut à la Lange Nieuwstraat. Je n’étais pas du tout à mon aise dans ce grand bâtiment.
Pourtant, je garde aussi de bons souvenirs de cette époque.
À côté de ma chambre, il y avait une grande pièce remplie de jouets jusqu’au plafond. Toutes sortes de jouets qui avaient été collectés pour les enfants pauvres.
La quantité et la variété étaient vraiment immenses.
De temps en temps, j’arrivais à me faufiler dans cet espace. C’était comme entrer dans un magasin avec des jouets gratuits.
J’y passais parfois des heures. Des piles de livres de coloriage et de jeux étaient à portée de main. Des trains et des voitures en bois. Des poupées et des ours de toutes tailles et couleurs. C’était un paradis du jouet.
Un autre beau souvenir de la même période concerne la célébration de Noël là-bas.
Mes parents organisaient cette fête chaque année dans la grande salle du bâtiment de la Lange Nieuwstraat.
Surtout les enfants défavorisés du centre-ville étaient les bienvenus et savaient trouver leur chemin vers cette célébration de Noël. Dans la grande salle, mes parents avaient dressé une longue rangée de tables. Toutes les tables étaient joliment décorées avec des nappes de Noël et ornées de compositions florales et de bougies allumées.
Les compositions florales de Noël avaient été fabriquées par les enfants eux-mêmes. Mon père avait aidé les enfants avec des travaux manuels pour découper des formes et peindre les décorations.
Au bout de la rangée de tables se trouvait un grand sapin de Noël illuminé. Des branches de sapin étaient suspendues partout, diffusant avec l’arbre un merveilleux parfum de pin.
Tout comme la reine Juliana le faisait pour son personnel à Noël, ma mère servait du chocolat chaud et distribuait des tranches de pain aux raisins aux enfants affamés.
Après avoir chanté quelques chants de Noël, mon père prenait place derrière un grand projecteur de films. Il diffusait alors un film de Rintintin. Sur un grand écran, les enfants pouvaient ainsi suivre les aventures du célèbre Berger Allemand du même nom. À l’époque, mon père louait régulièrement de tels films chez le photographe Mulder de la Korte Smeestraat.
Une journée à la plage à Petten, en Hollande-Septentrionale, est gravée dans ma mémoire comme si c’était hier. D’abord, la marche épuisante pieds nus dans le sable brûlant des dunes. Ensuite, descendre depuis le sommet d’une dune jusqu’à la plage, pour enfin trouver un délicieux rafraîchissement dans la mer. Enfant, j’étais ravi de cela. La vue sur cette étendue d’eau immense, les grandes vagues sauvages et l’odeur salée de la mer, tout cela m’a laissé une impression indélébile à l’époque. Il n’est donc pas étrange que je me sente si bien ici en Irlande, directement en bord de mer, peut-être que mes parents, en me voyant sur la plage, ont pensé qu’il serait bon de m’envoyer pendant plusieurs étés dans une colonie de vacances à Egmond aan Zee.
Mes parents ont quitté l’Armée du Salut assez abruptement à cause d’un désaccord avec la direction du corps. Ainsi, la famille s’est retrouvée du jour au lendemain à la rue. Au lieu d’aider les sans-abri, mes parents étaient eux-mêmes devenus sans-abri.
À cette époque-là, avec les autres membres de la famille, j’ai passé tout l’été et une grande partie de l’automne à camper au camping Het Grote Bos à Doorn. En attendant qu’un nouvel appartement soit prêt dans le Napoleonplantsoen à Utrecht, j’ai eu pendant six mois une bâche comme toit au-dessus de ma tête.
Le campement forcé a eu lieu au tout début de ce terrain de camping. C’était au début des années cinquante du siècle dernier. Pour moi, c’était une période fantastique. Tous ensemble dans une tente sur une belle dune de sable. Le soir, assis dehors à la lumière d’une lanterne-tempête. Le son de la pluie qui tambourine sur la toile de la tente pendant un orage, pendant ce temps, on jouait à des jeux de cartes ou à Monopoly à l’intérieur. Un vrai régal.
Quand les vacances d’été ont pris fin, je devais retourner à l’école. À Driebergen, j’ai temporairement fréquenté une école maternelle. J’y ai appris à écrire avec une ardoise et une craie. On pouvait ensuite effacer l’ardoise avec une petite éponge.
À SUIVRE
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